De manière irrégulière des éditions et fanzines fleurissent de temps à autre sur mes imprimantes bancales. Elles me permettent de donner forme à ces poèmes laissés longtemps comme notes de téléphones ou à ces documents textes sanstitre qui s’accumulent. J’aime l’idée de pouvoir ensuite les faire circuler, palper, sentir, les offrir, les troquer et faire s’ouvrir chez d’autres des fenêtres de mon quotidien.
Aux jardins nourriciers est un fanzine collectif réunissant texte, poèmes, illustrations et photos sur le thème de la maison collective queer.
Il a été pensé et conçu au Jardin des Passages lieu de vie et d’accueil queer en ruralité en avril 2024.
J’ai pris des polaroïds confinés dans une boîte, des textes jamais imprimés, des fleurs séchées secrètement gardées et puis sur la photocopieuse j’ai tout assemblé.
Le temps d’une journée, coupé du reste du monde j’ai assemblé, imprimé, plié, relié donnant corps à un fanzine fantomatique.
juillet 2024, A5, reliure cousue
En quittant la ville pour la campagne, mon rapport au temps à changé. Je retrouve mon corps. Je me reconnecte petit à petit en faisant lien avec mon nouvel environnement. Lorsque j’en ressens le besoin, souvent en adéquation avec les mouvements saisonniers, je compile poèmes et anecdotes du quotidien dans des micro-éditions. Ces écrits sont aussi les moyens pour moi d’expérimenter et assumer la découverte de mon identité de genre trans non-binaire en jouant avec la langue et les néologismes queer.
Note explicative pour Jaune murs de collectivité et Bleu du ciel de début mars
Toutes les deux ont été conçus dans le même processus, mais à plusieurs mois d’intervalles. L’une en automne, l’autre en hiver lorsque le printemps s’annonce. C’est en septembre que je me suis installé·e ici. Depuis, je vois défiler à ma fenêtre les saisons. J’y habite seul·e. Du côté est de l’appartement je peux voir la forêt. Du côté ouest, de petites montagnes se déploient derrière les cimes des sapins. C’est dans ce minuscule village et dans ce grand appartement que je me réapproprie doucement mon corps et mon identité. Je fais plus ample connaissance avec le soleil et ses couchers, la lune et ses levers, les plantes de la forêt, le boire et le manger. Depuis la fenêtre de la cuisine, je garde toujours un oeil sur la petit église qui pleure, elle m’inspire des poèmes et des images et quand l’excitation des changements de saison se fait sentir je sélectionne un papier dans l’atelier pour mettre en forme l’amour que je porte à ce quotidien si doux. Chacune des ces éditions est détachables en petites cartes à donner ou à garder pour soi comme une amulette ou un pense-bête. Les phrases sans ponctuations y raconte une journée, illustrées de photo tirées du téléphone. J’espère que pour celle ou celui qui en possèdera une, iel sentira que tout a été fait sans tracas ni douleur tout comme la douceur d’ouvrir ses volets le matin et s’apercevoir que le
ciel est tout bleu.


































